La palabra coquillard (< francés coquille ['concha de molusco']) designaba en la Francia medieval a los falsos peregrinos de Santiago de Compostela que vendían las conchas, veneras o vieiras que pretendían haber traído del viaje a la tumba del apóstol.
En el argot del siglo XV, el término pasó primero a designar a los estafadores o falsarios, y luego fue adoptado por una banda de malhechores organizados que actuó en Borgoña entre 1440 y 1455, año en que fueron procesados quince de ellos en Dijon. Gracias a este proceso, y sobre todo por la compilación que contiene la instrucción del mismo de la jerga de los delincuentes, se conoce la banda y su manera de actuar.
Parece demostrado (entre otros datos por los escritos, posteriores a la fecha del juicio, de François Villon, que parece haberles frecuentado y que compuso en su lenguaje las Baladas en jerga), que la banda sobrevivió al proceso y se dispersó para constituir otros grupos locales. El término coquillard se ha generalizado entonces a todas esas bandas.
En el siglo XVII, la palabra volvió a designar a los falsos peregrinos que abusaban de la hospitalidad de los monasterios y que en ocasiones practicaban el pillaje.
Todas estas acepciones han producido una imagen de los coquillards como falsos peregrinos del siglo XV, pero la realidad es más compleja, ya que los de esa época, es decir, los que trató Villon, nunca se hacían pasar por peregrinos.
Le mot coquillard (au XVe siècle, coquillart et, au pluriel, coquillars) correspond à plusieurs noms et adjectifs différents.
Un premier nom est attesté en 1455 dans les pièces d’un procès s’étant ouvert à Dijon à l’encontre de « mauvais garçons » (tricheurs, escrocs et voleurs pouvant aller jusqu’au meurtre) qui, depuis deux ans, se retrouvaient en ville, notamment le soir dans un bordel, et dont la bande s’appelait « la Coquille », sans que l’on connaisse la raison de cette appellation. Le dérivé Coquillard a été formé à partir du nom de la bande, sans que l’on sache ce que ce surnom évoquait pour ses membres, hormis leur rattachement à la bande « de la Coquille ». Aucune pièce du dossier de Dijon ne permet d’établir un lien du nom de la bande et du nom des bandits avec le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Voici un extrait du manuscrit : « et s’appellent, iceulx galans, les Coquillars, qui est a entendre les compaignons de la Coquille ». Il ne semble pas qu'à l'époque cette appellation ait été étendue à d’autres bandits ni que cette acception se soit répandue en moyen français.
Bien plus tard, il est question d’un autre nom Coquillard dans un livret facétieux publié vers 1629 sous le titre Le Jargon ou Langage de l’Argot reformé, où l’auteur, Ollivier Chereau, donne au métier de mendiant organisé en corporation le nom d’Argot, qui prendra le sens de jargon des gueux à la fin du XVIIe siècle suite au succès du livret. Cet autre nom Coquillard renvoie à une catégorie de mendiants. Voici un extrait de l’édition de 1630 à Lyon : « Coquillards sont les Pelerins de S. Jaques, la plus grand part sont veritables & en viennent : mais il y en a aussi qui truchent [= qui mendient] sur le Coquillard, & qui n’y furent jamais ». Nulle part dans le livret il n’est dit que les Coquillards vendaient des coquilles. Il ne semble pas y avoir d’attestation antérieure du nom dans cette acception liée au pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle et qui ressurgira dans plusieurs œuvres littéraires et notamment dans la fiction de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo en 1831.
Le jargon ancien des coquillards
Une pièce du procès établie d’après le témoignage d’un « indic » présente en deux listes le jargon utilisé entre eux par les Coquillards de Dijon, décrit comme secret alors que certains termes semblent avoir été assez faciles à comprendre :
la première liste se compose d'une vingtaine de noms répartissant les membres de la bande selon leurs spécialités, par exemple « ung crocheteur c’est celluy qui scet crocheter serrures », « ung vendengeur c’est ung coppeur de bourses » et « ung baladeur c’est celluy qui va devant parler a quelque homme d’eglise ou aultre a qui ilz vueilent bailler quelque faux lingot chainne ou pierre contrefaite ».
la seconde recense, vaguement regroupés par thèmes, un peu plus d'une cinquantaine de mots et expressions, par exemple « ung homme simple qui ne se congnoit en leurs sciences c’est ung sire ou une duppe ou ung blanc » ou « les jambes ce sont les quilles ».
Dans onze ballades en jargon (six dans le Jargon et jobellin dudit Villon de l'édition Levet de 1489 et cinq autres anonymes et sans titre du manuscrit de Stockholm après 1477[1]) qui sont souvent attribuées à François Villon, mais qui ne présentent pas les qualités des ballades du poète, on retrouve sous la même forme ou sous une forme proche seulement une vingtaine de ces termes, sans compter des mots comme coquillart (peut-être aussi coquille) et piperie qui figurent dans le dossier, mais pas dans les listes (la première donnait toutefois pipeur, qui n'était guère hermétique) ; cependant, certains de ces termes des Coquillards apparaissent à plusieurs reprises dans ces ballades. Ces rencontres entre le jargon des Coquillards et celui des ballades ont, pour la plupart des spécialistes depuis Marcel Schwob, conforté et permis d'affiner l'interprétation de ces dernières en rapport avec la délinquance et la criminalité.
Le contexte d'enquête judiciaire contre ces malfaiteurs n'autorise, pour le glossaire, aucun double sens homosexuel derrière ces mots à propos desquels, dans les ballades en jargon attribuées à Villon, cette interprétation plus récente a pu être proposée, voire privilégiée. Certains auteurs affirment que « Les Coquillards (...) s’adonnaient à toutes sortes d’activités illicites, parmi lesquelles on a tout lieu de penser que la sodomie figurait en bonne place » (Didier Godard, Deux hommes sur un cheval : l’Homosexualité masculine au Moyen Âge, H&O, 2003, p. 264), mais ces affirmations ne s'appuient sur aucune pièce du dossier de Dijon, alors que l'enquête fait plusieurs allusions aux liens étroits de membres de la bande avec des "fillettes" (prostituées on ne peut plus féminines)[2] et que les autorités judiciaires n'auraient sans doute pas manqué d'ajouter l'accusation de sodomie[3].
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